À avril 2025, l'industrie mondiale de la construction navale se trouve avec un portefeuille de commandes sans précédent — 5 759 navires sont en construction à différents stades, totalisant un port en lourd d'environ 372 millions de tonnes[5]. Cependant, la dynamique du marché subit des changements brusques : si en 2024, les taux de commandes et d'investissements ont atteint leur maximum depuis 2007-2008, alors dans la première moitié de 2025, le nombre de nouveaux contrats a chuté de presque moitié — de 48 % par rapport à la même période de l'année précédente[2]. La raison en est la montée de l'incertitude mondiale, les crises logistiques et l'escalade des guerres tarifaires entre les États-Unis et la Chine.
Pourquoi la construction navale perd-elle de son élan ?
Les experts notent que la baisse touche la plupart des segments clés : les commandes de vraquiers ont diminué de 49 % par rapport à la moyenne décennale, pour les pétroliers — de 30 %, pour les méthaniers — de 56 %[2]. À l'été 2025, les constructeurs navals mondiaux ont livré 238 nouveaux vraquiers (17,2 millions de tonnes de port en lourd), tandis que seulement 28 navires ont été mis hors service — ce déséquilibre augmente l'offre sur le marché et exerce une pression sur les taux de fret[4].
En même temps, les États-Unis envisagent d'introduire des droits de douane accrus sur les navires contrôlés par des entreprises chinoises, ainsi que des restrictions possibles sur les commandes auprès des chantiers navals chinois. Cela oblige les propriétaires de navires et les compagnies de navigation à revoir leurs plans et à ralentir les investissements, choisissant des juridictions alternatives pour la construction de nouveaux navires[5].
Changements structurels dans la flotte et perspectives
Type de navire | Prévision de croissance de la flotte en 2025 |
Vraquiers | 3% |
Pétroliers | 2% |
Méthaniers | 9% |
Conteneurs | Réduction à 5% |
Malgré la baisse à court terme, le volume total de production en 2025 est attendu à 42,7 millions de CGT (unités de jauge unifiée), ce qui est supérieur aux chiffres de 2024 (41 millions de CGT)[1][3]. Cependant, le rythme de construction des porte-conteneurs diminue, tandis que celui des méthaniers augmente. À l'avenir, l'activité sur le marché pourrait être limitée par le manque de places disponibles dans les chantiers, en particulier pour les navires grands et techniquement complexes[3].
Tendances écologiques et stratégies à long terme
Le facteur « vert » prend de plus en plus d'importance — les commandes de nouveaux navires tiennent de plus en plus compte des exigences en matière d'écologie et d'exploitation à long terme (plus de 20 ans)[3]. Cela oblige les propriétaires de navires et les constructeurs navals à s'adapter aux nouveaux défis technologiques et réglementaires.
Ainsi, l'industrie mondiale de la construction navale entre dans une période de turbulences : d'une part, le secteur affiche des volumes de construction et de renouvellement de flotte records, d'autre part, il fait face à des défis sans précédent en matière de géopolitique, de logistique et de réglementation, ce qui oblige les acteurs du marché à rechercher de nouvelles stratégies de développement et d'adaptation aux conditions en rapide évolution[2][5].